
Le prêtre catholique Frans van der Lugt pose dans le monastère jésuite de Homs le 2 février 2014 (Archives/Mohammed Abu Hamza/AFP)
Le jésuite néerlandais Frans van der Lugt a été abattu ce lundi 7 avril devant sa maison dans la Vieille ville de Homs, un secteur tenu par les rebelles et assiégé et bombardé depuis près de deux ans par les troupes de Bachar al-Assad, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Àgé de 75 ans, le prêtre, qui résidait en Syrie depuis 1966, a été exécuté de sang froid par un inconnu devant sa maison du quartier de Bustan Al-Dewan qu’il refusait de quitter avant que tous ceux qui devaient être évacués de la ville le soient, dit l’OSDH, un organisme indépendant qui ne prend pas position dans le conflit, mais dont le directeur, Rami Abdel Rahmane, a toutefois réclamé aujourd’hui que soit démasqués les auteurs de l’assassinat de celui que le Vatican a salué comme «un homme de paix».
Le secrétaire de l’Ordre des jésuites néerlandais, Jan Stuyt, cité par l’AFP, a confirmé que le père Van der Lugt avait été assassiné lundi matin: «un homme est venu le chercher, l’a sorti de la maison et lui a tiré à deux reprises dans la tête, dans la rue, en face de sa maison».
«C’est ainsi que meurt un homme de paix, qui, avec un grand courage, a voulu rester fidèle, dans une situation extrêmement risquée et difficile, à ce peuple syrien à qui il avait donné depuis longtemps sa vie et son assistance spirituelle», a déclaré pour sa part à l’agence française le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.
Un homme de paix
Le père van der Lugt, «comme un Arabe parmi les Arabes», qui a passé près de cinq décennies en Syrie sera enterré dans ce pays, conformément à sa volonté.
Condamnant un «acte barbare», l’opposition syrienne a de son côté tenu à souligner que le prêtre était protégé par l’Armée syrienne libre (ASL): «Le garde de l’ASL a été blessé à la poitrine ce matin quand un homme armé et masqué a attaqué le monastère».
En février dernier, le père avait déclaré en entrevue à l’AFP qu’il considérait la Syrie comme sa patrie: «Le peuple syrien m’a tant donné, tant de gentillesse, tant d’inspiration, et tout ce que je possède. Maintenant qu’il souffre, je dois partager sa peine et ses difficultés».
«Je suis le seul prêtre et le seul étranger à être resté. Mais je ne me sens pas comme un étranger, mais comme un Arabe parmi les Arabes », avait-il dit alors.
Quelques jours plus tard, 1.400 personnes avaient pu être évacuées de la Vieille ville, mais le père Van der Lugt avait encore choisi de rester jusqu’à ce le dernier rescapé soit évacué de Homs.
Sans nouvelles du père Dall’Oglio
Un autre père jésuite, le prêtre italien de 59 ans Paolo Dall’Oglio, artisan et symbole du dialogue entre chrétiens et musulmans, est porté disparu en Syrie depuis huit mois, enlevé le 30 juillet près de Raqqa [nord], alors fief de l’EIIL, un groupe djihadiste si extrémiste qu’il est même condamné par Al-Qaïda et est en lutte contre tous les autres rebelles.
Le Père Paolo servait souvent de médiateur entre les factions qui s’affrontent actuellement en Syrie et travaillait aussi à faire connaître au monde le sort du peuple syrien.
L’OSDH, dont la mission est de diffuser de l’information sur le conflit, dont la mission est de diffuser de l’information sur le conflit, était là aussi sorti de sa réserve habituelle pour exhorter toutes les parties de l’opposition syrienne à mettre la pression sur l’EIIL pour savoir ce qu’il en était et, le cas échéant, rendre le corps du Père Paolo à son église et à sa famille.
Depuis le début du conflit en mars 2011, plus de 150.000 personnes ont été tuées en Syrie, selon le dernier bilan de l’OSDH, et, selon l’ONU, plus de neuf millions forcées à quitter leurs foyers.